Le burn-out parental et la remise en question éducationnelle

Ce n’est que depuis les quarante dernières années et grâce à l’émergence de sciences humaines et de la psychologie de l’enfant, que l’on donne de plus en plus de place aux émotions dans l’éducation de nos enfants.  Il est évident que nos grands-parents ou arrières grands-parents envisageaient tout à fait différemment la manière d’éduquer leurs enfants.

Aujourd’hui, intuitivement bon nombre de parents se questionnent sur leur rôle parental, sur la manière dont ils éduquent leurs enfants et sur les conséquences que tel ou tel comportement de leur part peut induire chez leurs enfants, allant jusqu’à craindre des traumatismes irréversibles en cas de parole malheureuse.

Ce n’est que depuis la convention internationale des droits de l’enfant et ce qui en a découlé, que la manière d’envisager l’éducation et la relation avec nos enfants a changé et que l’on privilégie son intérêt.

La question récurrente que se posent dès lors bon nombre de parents est : « Que doit faire un bon parent pour rendre son enfant heureux ? » « En tant que mère ou père, puis-je affirmer que je fais tout ce qu’il est possible pour atteindre cet objectif, et ce, quelqu’en soit le prix ? »

En effet, dans notre société actuelle, et selon la pression que l’on peut ressentir par notre entourage, certains parents se retrouvent prisonniers, coincés entre d’une part ce que la société renvoie dans la presse ou dans les publicités (dans lesquelles on dépeint une famille idéale), et d’autre part,  la manière dont ils ont été eux-mêmes éduqués et ce qu’ils voudraient pouvoir faire avec leurs enfants.  Seul bémol, le temps, qui, selon l’activité professionnelle, est perçu comme insuffisant.  Ces parents, nouvelle génération, alternent des exigences professionnelles, sociales, sociétales, élevées qui entrent en collision avec leur perception de ce que doit être un bon parent et un bon conjoint.

Suite à toutes ces pressions ressenties, certains parents, père ou mère, ont l’impression d’avoir constamment un poids sur les épaules, d’être potentiellement jugé par l’école, par d’autres parents, ou au club de loisirs ou sportif où se rend son enfant.  Ces parents ont peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas savoir s’en sortir, peur de ne pas avoir assez de minutes dans une heure… ils ont besoin de courir après le temps constamment.

Comme au travail, ces parents vont quasiment jusqu’à viser l’excellence de tous les instants, veulent  assurer quoiqu’il arrive, sous peine d’être responsable du malheur de nos enfants, allant jusqu’à craindre des troubles ou pathologies diverses… et lorsqu’ils ne parviennent pas à répondre à ces comportements attendus ou estimées comme attendus de la part de parents parfaits, ils culpabilisent, se remettent en question.

Trop souvent je constate que les parents que j’accompagne confondent ce parent idéal, celui qui réussit tout, tout le temps, la super maman, le top papa, qui sont dans l’excellence constamment et le parent humain, celui qui essaye tant bien que mal de faire son possible au quotidien, lorsqu’après une journée de travail de laquelle il rentre fatigué, épuisé, il faut alors jongler entre les devoirs, les leçons, le repas à cuisiner, les équipements sportifs à préparer, tout cela avant une certaine heure, « car les parents parfaits mettent coucher leurs enfants tôt pour qu’ils puissent bien se reposer ».  Ajoutez à cela la difficulté d’être une famille monoparentale et vous montez encore le degré de difficultés de quelques crans.

Même s’il est évident que le rôle des parents est déterminant dans le développement émotionnel de nos enfants, la vie idéale, sans contrainte extérieure, sans frustration n’existe pas pour le parent.  Dès lors, le fait de devoir être sur tous les fronts en même temps et de ne pas parvenir à atteindre cette posture de parent idéal, rajoute encore à la frustration et à la culpabilité de ne pas l’avoir atteint.

Je me souviens d’une maman, épuisée, qui en arrivait à redouter les congés scolaires.  En effet, durant ces périodes, il était de bon ton, dans ses repères et selon son entourage, de prendre ses congés professionnels en même temps.  Pourtant, elle en arrivait après une semaine à déjà vouloir reprendre le boulot, tant la vie avec ses 2 filles était pour elle épuisante.  Elle souhaitait retravailler plutôt que de passer du temps avec ses filles.  Partant de ce constat elle culpabilisait davantage, se considérant comme une mauvaise mère, ce qui lui remettait une couche supplémentaire dans sa souffrance.

Cet objectif de parent parfait devrait être le nord sur notre boussole éducationnelle, le chemin vers lequel on veut aller mais pas un objectif à atteindre au quotidien.  Cette cible serait notre trajectoire, mais en s’acceptant tel qu’on est au quotidien avec ses forces et ses faiblesses.